MAI

Je t’en dirais plus un jour (titre provisoire)

Projet chorégraphique à sources documentaires mené pat Brigel Gjoka et Pierre-emmanuel Sorignet

Ce projet mené conjointement par Brigel Gjoka et Pierre Emmanuel Sorignet a pour objectif de dessiner un parcours d’artiste dans le champ de la culture qui témoigne de manière exemplaire de la capacité mais aussi des limites à franchir les frontières sociales.
Brigel Gjoka est connu pour être l’un des collaborateurs réguliers du chorégraphe William Forsythe avec lequel il a travaillé de longues années à Francfort puis ces dernières années sur des productions itinérantes de Forsythe mais aussi comme interprète invité par Sylvie Guillem lors de sa tournée mondiale d’adieu.

Albanais, Il est formé à la danse folklorique puis le ballet pendant la période dramatique de la guerre civile. Il quitte l’Albanie et arrive en France à l’âge de 17 ans. Il intègre l’école de ballet Rosella Hightower puis débute sa carrière d’abord au ballet du Rhin puis au NDT et enfin chez William Forsythe. D’origine populaire, il a accompli une mobilité géographique et sociale hors du commun.

La crise sanitaire actuelle aux conséquences désastreuses sur le monde de la culture sont accentuées pour Brigel. Bien qu’artiste d’exception, en tant que free-lance il ne bénéficie pas du filet de sécurité que représente l’accès à l’intermittence, il n’a pas non plus la possibilité de compter sur une aide
parentale qui permettrait de se maintenir à flot en entretenant sa force de travail. Polyglotte, il a réussi ces derniers mois à trouver un emploi de commercial dans une entreprise du bâtiment dans laquelle il négocie, vend des portes et des fenêtres.
La mise en scène de la trajectoire de Brigel Gjoka, vise à montrer les conditions de possibilités de parcours artistiques improbable et leur remise en cause radicale lors de catastrophes extérieures (ici la covid) qui deviennent alors des chocs biographiques.

Notre souhait n’est de faire ni un solo héroïque, encore moins hagiographique ni même exemplaire, bien au contraire. A travers la recomposition d’un parcours d’exception, on questionnera une histoire socio-politique incorporée qui se fait singulière et permet de réfléchir, par corps, à la fabrique sociale des artistes. On interrogera aussi le ressort de
l’enchantement vocationnel qui pousse à jouer ce jeu sérieux propre au champ artistique.